lundi 16 mars 2015

Voyage au bout de la nuit ( extrait), Louis Ferdinand Céline

Ce que furent les dix jours de remontée de ce fleuve, je m’en souviendrai longtemps… Passés à surveiller les tourbillons limoneux, au creux de la pirogue, à choisir un passage furtif après l’autre, entre les branchages énormes en dérive, souplement évités. Travail de forçats en rupture.
Après chaque crépuscule, nous faisions halte sur un promontoire rocheux. Certain matin, nous quittâmes enfin ce sale canot sauvage pour entrer dans la forêt par un sentier caché qui s’insinuait dans la pénombre verte et moite, illuminé seulement de place en place par un rai de soleil plongeant du plus haut de cette infinie cathédrale de feuilles. Des monstres d’arbres abattus forçaient notre groupe à maints détours. Dans leur creux un métro entier aurait manœuvré à son aise.
À un certain moment, la grande lumière nous est revenue, nous étions arrivés devant un espace défriché, nous dûmes grimper encore, autre effort. L’éminence que nous atteignîmes couronnait l’infinie forêt, moutonnante de cimes jaunes et rouges et vertes, peuplant, pressurant monts et vallées, monstrueusement abondante comme le ciel et l’eau. L’homme dont nous cherchions l’habitation demeurait, me fit-on signe, encore un peu plus loin… dans un autre petit vallon. Il nous attendait là l’homme.
Entre deux grosses roches il s’était établi une sorte de cagna, à l’abri, me fit-il remarquer, des tornades de l’est, les plus mauvaises, les plus rageuses. Je voulus bien admettre que c’était un avantage, mais quant à la case elle-même, c’était sûrement à la dernière catégorie miteuse qu’elle appartenait, demeure presque théorique, effilochée de partout. Je m’attendais bien à quelque chose de ce genre-là en fait d’habitation, mais tout de même la réalité dépassait mes prévisions.
Je dus lui sembler tout à fait navré au copain car il m’interpella assez brusquement pour me faire sortir de mes réflexions. « Allez donc, vous serez moins mal encore ici qu’à la guerre ! Ici, après tout, on peut se débrouiller. On bouffe mal, c’est exact, et pour boire, c’est une vraie boue, mais on peut dormir tant qu’on veut… Pas de canons ici mon ami ! Pas de balles non plus ! En somme c’est une affaire ! » Il parlait un peu dans le même ton que l’Agent général mais des yeux pâles comme ceux d’Alcide, il avait.
Il devait approcher de la trentaine, et barbu… Je ne l’avais pas bien regardé en arrivant, tellement en arrivant j’étais déconcerté par la pauvreté de son installation, celle qu’il devait me léguer, et qui devait m’abriter pendant des années peut-être… Mais je lui trouvai, en l’observant, par la suite, une figure décidément aventureuse, une figure à angles très tracés et même une de ces têtes de révolte qui entrent trop à vif dans l’existence au lieu de rouler dessus, avec un gros nez rond par exemple et des joues pleines en péniches, qui vont clapoter contre le destin avec un bruit de babillage. Celui-ci c’était un malheureux.
  • « C’est vrai, repris-je, y a pas pire que la guerre ! »
C’était assez pour le moment comme confidences, je n’avais pas envie d’en dire davantage. 


Eléments pour l'introduction :
Informations sur l'auteur : Louis Ferdinand Céline, auteur du XXème siècle qui fit la première guerre mondiale.
Le livre : Voyage au bout de la nuit, roman en partie autobiographique avec comme personnage principal Bardamu.
l'extrait : Bardamu découvre le monde des colonies.


Le plus facile pour cet extrait est de faire une analyse linéaire.
ce texte se divise ainsi en plusieurs parties au fil de la lecture :
Partie 1 : La remontée du fleuve :
hyperboles et expressions péjoratives montrant la difficulté de remonter le fleuv

Partie 2: La traversée de la forêt :
métaphores montrant la foret comme un lieu mystique.
la chaleur du lieu est insupportable aux européens
rappel à la civilisation européenne, à travers une exagération, l'auteur commence à regretter l’Europe aux colonies.

partie 3 : la sortie de la forêt :
après être sortie de la forêt, le narrateur est toujours aussi impressionné. l'auteur utilise des exagérations pour montrer les sentiments du narrateur.
la ponctuation montre que cette forêt rend la tâche très ardue pour le narrateur qui n'en peu plus.

partie 4 : la description de l'habitation du Robinson :
champ lexical du péjoratif  qui montre la pauvreté de la future installation du narrateur.
malgré le fait d'être éloigné de la forêt, le danger des colonies reste.

partie 5:  le langage du Robinson :
l'homme utilise un vocabulaire familier ou grossier, il a commencé à devenir sauvage à cause de son écartement de la société. 

Partie 6 : la description physique du Robinson : 
Une description qui semble réaliste.
Une partie de cette description réaliste est cependant contradictoire.

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