lundi 22 juin 2015

Lecture analytique : Bel-ami; extrait chapitre V, Maupassant.

Les huîtres d’Ostende furent apportées, mignonnes et grasses, semblables à de petites oreilles enfermées en des coquilles, et fondant entre le palais et la langue ainsi que des bonbons salés.
Puis, après le potage, on servit une truite rose comme de la chair de jeune fille ; et les convives commencèrent à causer.
On parla d’abord d’un cancan qui courait les rues, l’histoire d’une femme du monde surprise, par un ami de son mari, soupant avec un prince étranger en cabinet particulier.
Forestier riait beaucoup de l’aventure ; les deux femmes déclaraient que le bavard indiscret n’était qu’un goujat et qu’un lâche. Duroy fut de leur avis et proclama bien haut qu’un homme a le devoir d’apporter en ces sortes d’affaires, qu’il soit acteur, confident ou simple témoin, un silence de tombeau. Il ajouta : — Comme la vie serait pleine de choses charmantes si nous pouvions compter sur la discrétion absolue les uns des autres. Ce qui arrête souvent, bien souvent, presque toujours les femmes, c’est la peur du secret dévoilé.
Puis il ajouta, souriant : — Voyons, n’est-ce pas vrai ?
— Combien y en a-t-il qui s’abandonneraient à un rapide désir, au caprice brusque et violent d’une heure, à une fantaisie d’amour, si elles ne craignaient de payer par un scandale irrémédiable et par des larmes douloureuses un court et léger bonheur !
Il parlait avec une conviction contagieuse, comme s’il avait plaidé une cause, sa cause, comme s’il eût dit : — Ce n’est pas avec moi qu’on aurait à craindre de pareils dangers. Essayez pour voir.
Elles le contemplaient toutes les deux, l’approuvant du regard, trouvant qu’il parlait bien et juste, confessant par leur silence ami que leur morale inflexible de Parisiennes n’aurait pas tenu longtemps devant la certitude du secret.
Et Forestier, presque couché sur le canapé, une jambe repliée sous lui, la serviette glissée dans son gilet pour ne point maculer son habit, déclara tout à coup, avec un rire convaincu de sceptique : — Sacristi oui, on s’en paierait si on était sûr du silence. Bigre de bigre ! les pauvres maris !
Et on se mit à parler d’amour. Sans l’admettre éternel, Duroy le comprenait durable, créant un lien, une amitié tendre, une confiance ! L’union des sens n’était qu’un sceau à l’union des cœurs. Mais il s’indignait des jalousies harcelantes, des drames, des scènes, des misères qui, presque toujours, accompagnent les ruptures.
Quand il se tut, Mme de Marelle soupira : — Oui, c’est la seule bonne chose de la vie, et nous la gâtons souvent par des exigences impossibles.
Mme Forestier, qui jouait avec un couteau, ajouta : — Oui… oui… c’est bon d’être aimée…
Et elle semblait pousser plus loin son rêve, songer à des choses qu’elle n’osait point dire.
Et comme la première entrée n’arrivait pas, ils buvaient de temps en temps une gorgée de champagne en grignotant des croûtes arrachées sur le dos des petits pains ronds. Et la pensée de l’amour, lente et envahissante, entrait en eux, enivrait peu à peu leur âme, comme le vin clair, tombé goutte à goutte en leur gorge, échauffait leur sang et troublait leur esprit.
On apporta des côtelettes d’agneau, tendres, légères, couchées sur un lit épais et menu de pointes d’asperges.
— Bigre ! la bonne chose ! — s’écria Forestier. Et ils mangeaient avec lenteur, savourant la viande fine et le légume onctueux comme une crème.


Introduction :
- antécédent de la pièce : Duroy est invité à manger avec Mme de Marelle  ainsi que M et Mme Forestier.
- Rapport auteur-roman : Maupassant est un écrivain qui raconta son expérience de la société et du journalisme dans Bel-ami.

I) Un repas qui associe nourriture et amour pour montrer son importance (de l'amour).
- champ lexical de la nourriture : On annonce la scène, une scène de repas.
-répétition + métaphore : le thème principal du repas est l'amour.
- comparaison : association de la nourriture et l'amour, cela montre que comme la nourriture, l'amour est nécessaire, elle peut même devenir plus importante.
- personnalisation : associe la nourriture à la femme et donc à l'amour.
.périphrase : montre que l'amour est la meilleure chose au monde, c'est pour cela que c'est le thème de ce repas.
- métaphore - personnalisation : montre que l'amour peut être gâté comme on gâterait une personne. Montre aussi le rapport entre l'amour et la nourriture.
- comparaison : associe l'amour au vin, à la nourriture.
- métaphore : montre que à leurs yeux, tout tourne autour de l'amour, surtout la nourriture et la façon dont elle est présentée.

II) Le caractère des 2 femmes, voulant vivre des aventures mais ayant peur du secret dévoilé :
- énumération de termes liés à la tromperie : Les 2 femmes rêvent d'aventures amoureuses.
- répétition+ antithèse : montre que la peur du secret dévoilé est plus forte chez tous les convives que leur envie d'amour mais qu'elles rêvent quand même d'amour, et voudraient en avoir sans que leur secret soit dévoilé.
- champ lexical du dévoilé : montre bien que leur principale préoccupation quand les femmes parlent d'amour est que leur secret ne soit pas dévoilé.
-métaphore + vocabulaire familier : montre bien que la trahison amoureuse devrait être secrète mais que malheureusement tout le monde en parle, rendant les aventures amoureuses impossibles.
- conditionnel + antithèses : montre bien que les 2 femmes rêvent d'amour mais qu'elles réalisent le scandale que cela ferait.
-allitération : insiste sur le fait que la peur du secret dévoilé est la seule raison qui empêche l'amour d'être vécu à 100%.
- antithèses de champs lexicaux : les femmes veulent connaitre l'amour mais malheureusement, elles se rendent compte  qu'il est impossible à cause du dogme sociétaire.
-discours direct : montre bien que Mme Forestier rêve d'amour.

III) Le caractère de M. Forestier : un homme sans manières malgré son statut :
- répétition + langage familier : M; Forestier est très décontracté, un peu trop peut être avec ces dames.
- énumération des positions : M. Forestier est très décontracté, il est ivre.


IV) L'argumentation de Duroy pour convaincre les autres femmes qu'il peut faire un bon amant :
- allitération + répétition : montre bien que Duroy veut donner aux femmes l'impression qu'il est pour la cause de l'amour et non pas celle de la société et de ses règles.
- monopolisation oratoire : Duroy s'instaure comme l'auteur du repas, celui dont les femmes boivent les paroles avec avidité; il peut ainsi exprimer toutes ses idées.
- périphrase ( fantaisie d’amour )  : afin de montrer sa vision de l'amour d'une manière positive, il réduit le terme d'adultère à une chose gaie.
- persuasion : Duroy donne son idée personnelle, son argumentation est donc une persuasion, il cherche  à convaincre les femmes par les sentiments.
- concession : Duroy argumente également logiquement afin de montrer sa thèse comme la seule valable.



2 commentaires:

Anonyme a dit…

pas mal, très utile

Anonyme a dit…

mercireuf